brume-darc-en-ciel

Juste un souffle de vie

Lundi 6 octobre 2008 à 13:07

Je l'ai rencontré dans un endroit plus qu'étrange. Cet inconnu absorbé par la vue que lui offrait sa tanière. Même sans s'être retourné, sa silhouette, ses formes, sa nuque ou son dos, cet homme était déjà en moi, en ma mémoire avant même que je ne le rencontre.
 Lorsqu'il se retourna, sans marquer aucune surprise, je n'ai moi même pas marqué d'arrêt devant le masque qui lui cachait entièrement; et le visage et les cheveux. Il émanait de lui une sorte de sagesse sobre qui m'éblouissait.

" J'ai besoin de vous. "

Les mots étaient sortis d'eux-mêmes, à travers une voix profonde qui ne tremblait pas contrairement à mon coeur qui frissonnait.
 J'ai cru entrapercevoir un sourire fier derrière le masque.
 Ses pas étaient lourds de toutes ses expériences passées, mais son âme voltigeait dans la pièce, arrachant la mienne à un passé cloué par des échecs répétés.
 Sa main à moitié gantée passa près de mon visage sans me toucher. Je sentis la chaleur de son corps m'envahir comme si un lien se réchauffait doucement après des décennies, grâce à un seul geste. Mes yeux se fermèrent. Mon coeur s'est lentement arrêté de battre la chamade pour s'emplir d'une quiétude insouciante d'enfant, celle que l'on oublie trop vite en entrant dans le monde des adultes.

 Cet homme fut une surprise chaque fois que mes yeux pouvaient le regarder.
 C'était un soleil coloré et mystérieux qui m'hypnotisait. J'étais à sa merci.
 Souvent j'avais l'impression qu'il en jouait, qu'il me trahissait, qu'il se moquait de moi. Parfois même, lorsque l'on se quittait, toujours trop vite, je restais cachée ou attendait silencieusement l'ascenseur tandis qu'une autre fille croisait mon chemin. Elle soutenait un sourire que je ne connaissait que trop bien (celui que je prends lorsque je sais que je suis sur le point de le revoir), elle passait à travers moi et entrait directement dans le lieu, si intime, que je venais de quitter.
... parfois même un homme..

 Par moment, il m'écrivait. Il n'utilisait pas la poste, il m'invitait et restait là à sa fenêtre sans mot dire tandis que je lisais sa lettre en silence ou à haute voix. Ses mots étaient des ordres directs, même mes parents n'auraient jamais réussir à me faire accomplir les exploits qu'il m'aidait à réaliser.
 Toute ma vie avait été bouleversée par un échange de quelques secondes et une rencontre totalement inattendue.
 J'avais enfin trouvé ma voie, même mon fiancé s'était métamorphosé en me voyant. J'étais presque heureuse.
 
Un soir, alors que son visage me manquait encore de trop, je m'étais mise en tête d'aller au cinéma, seule.
 
Effectivement, il m'avais appris, forcer, à être seule et à aimer celà. Et finalement, j'adorais.
 Mais, lorsque les lumières se sont lentement éteintes, lorsque le noir qui précède la lumière tente de nous effrayer, le film déjà ne m'intéressait plus. Toutes mes pensées s'étaient regroupées sur mon coeur, qui chantait à tout rompre depuis le moment où la salle était devenue enfin comblée. J'alletais, tellement il parlait fort. Soudain je me suis retournée, n'en pouvant plus.
 Et c'est là, sous la lumière d'un coucher de soleil, que je l'ai vu. A quelques rangées derrière moi, il s'absorbait déjà dans le film, une petite fille assise sur ses genoux, le sourire aux lèvres, ne sachant plus si elle devait regarder le film ou cet homme qui la protégeait si calmement. Son masque était tombé, mais seule la moitié de son visage existait encore dans cette pièce si sombre, l'autre était cachée par des cheveux trop longs pour me laisser entrevoir son visage tout entier. 
 Lentement je me suis retournée. Un sourire accroché à mon coeur. Le film, aussi surprenant soit-il, ne fut pas aussi long que je le pensais. Lorsque la salle se mit à applaudir, sans demander mon reste, je me dégageait déjà de ma rangée, lentement, alors que tous se levaient déjà. Je ne sais s'il m'avait aperçu, mais la petite fille était restée sur le siège, toujours le sourire aux lèvres, me regardant de loin avec un regard si désespérant, assise seule sur ce si grand siège. Non ! Ce serait trop facile de le perdre si près du but !
 Tout alla très vite, comme si un orage de couleurs transpercait mon âme, mes pas planaient au dessus de toutes ses têtes si insignifiantes. Et lorsque, enfin, je retombait sur mes pas, exténuée par cette recherche trop poussée.
 Je le vis. Les personnes aux allentours n'étaient plus que des filaments trop flous pour être détaillés ou même personnifiés.
 Seuls, nous deux... là sans l'être, mais existants bien au delà de tous. L'un en face de l'autre, le silence ne pouvaient empêcher nos coeurs d'hurler.
 Ce baiser si lontemps attendu, et pourtant si familier accomplit son oeuvre.
 Je ne sais si c'est son étreinte qui nous as fait disparaitre ou ce monde qui ne contenait pas assez de place pour cet amour si puissant.
 Mais le rêve prit fin alors que je venais de renaître.

Je ne sais si je vais revoir cet être, mais je suis sure que jamais plus je ne ressentirais une telle extase ou un tel bien être. Seul mon fantôme errera à sa recherche, loin de se douter que nous ne sommes plus en mesure de nous reconnaître.

" Avez-vous vu mon alter ego, nous nous sommes perdus dans toute cette foule de destinées ... ? "

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