Vous savez quoi, ça vous prend d'abord au corps … un vide qui commence à vous tordre les boyaux … un regard vague qui sillonne le désert … une gorge qui s'oppresse toute seule, comme si elle ne voulait plus avoir à nouveau à subir cette sensation.
C'est drôle, mais c'est lorsque je ressens vraiment la solitude, lorsque je me sens vraiment seule … c'est dans ce désert incomparable que je ressens cette sensation si contradictoire …d'étouffement !
Alors que rien n'est là, alors que je n'ai comme compagne ; que mon ombre balayée par le vent, alors que rien n'existe, juste cette matière ignoble qui peuple cette planète, sans aucun rire, juste mon soupir
C'est alors que j'étouffe … tout me compresse, je n'accepte plus d'air sur ma peau, mes yeux veulent se fermer à jamais pour ne pas voir ces murs si blancs, si purs, si dégueulasses alors que je suis complètement seule : Alors que nous sommes 6 milliards et qu'au beau milieu de nulle part, une minuscule grenouille s'étouffe avec du vide.
Oui, je m'étrangle moi-même, inconsciemment, enfin, c'est surtout le vide, le néant que je contemple, ces pas que je n'entends pas, ce soupir qui n'accompagne pas le mien, ce murmure que mon oreille n'arrive pas à effleurer.
Une fleur au milieu du désert, et là, à ce moment là,
les dunes se soulèvent et l'envahissent, la noient.
Elle ne peut plus respirer, le désert, ce vide infâme,
lui contracte le corps, son esprit ne peut plus s'envoler,
lui aussi expire et inspire du sable …
Du néant qu'il avale à pleine bouche …
Un cri qui se tord dans au fond de « sa chair » …
Un hurlement étouffé par toute cette nourriture vidée d'existence.
Et même lorsqu'un murmure se fait entendre,
rien ne compte,
car simultanément le sentiment persiste ;
le monde est dépeuplé,
c'est là que l'on se rend compte qu'il nous manque une seule et unique personne,
celle qui réussirait à combler le vide du moment,
celle avec qui on voudrait partager cet instant si tristement infini …
même juste en la contemplant de loin …
Mais la fleur est immortelle,
elle ne peut mourir,
elle arrête juste de respirer,
son petit cœur de fleur bât plus doucement …
plus lentement …
juste à la limite de s'arrêter …
Jusqu'à ce que la dune de sable se soulève encore une fois,
pour laisser entrevoir un soleil éblouissant,
aux allures de tournesol …
une étincelle qui arrache un soupir à la petite fleur,
qui revit et respire à nouveau,
sans laisser entrevoir une seule seconde son ancienne et pitoyable souffrance.
The End …
" L'oubli; c'est le souvenir indifférent."
Proust